Ie terme « constructivisme », qui se répand
aujourd’hui dans la littérature théorique des
relations internationales, dénote une contestation
des postulats strictement matérialistes ou individualistes, supposée permettre
de mieux comprendre les changements observés dans la politique mondiale.
Nous ne cherchons pas ici à en imposer une définition hégémonique, mais à amorcer
une discussion « constructive », justement, sur ses possibilités et ses limites. Loin
d’occulter ou d’estomper les divergences entre les chercheurs qui ont adopté cette
approche, nous tâchons de les clarifier, car nous considérons que cette complexité,
voire ces tensions donnent naissance à une « conversation » fructueuse.
À cette fin, nous retracerons brièvement les origines interdisciplinaires de
l’approche constructiviste en relations internationales en mettant en évidence ses
traits distinctifs. Puis nous nous intéresserons plus particulièrement à deux controverses
opposant les constructivistes aux autres théoriciens des RI : les origines des
intérêts et le rôle des agents de changement. Nous situerons, à cette occasion, le
constructivisme par rapport au matérialisme et au rationalisme. Nous proposerons
aussi des pistes de réflexion tant sur le fond que sur la méthode. Enfin nous explorerons
brièvement les implications de notre discussion en termes d’agents et d’intérêts
sur l’identité et le rôle de la société dans la politique internationale.